Cela a commencé pendant une triste nuit, le long d’une route solitaire de campagne, alors que Jean-Bernard Brouchemou cherchait un raccourci que jamais il ne trouva.
Le Raccourci
Cela a commencé pendant une triste nuit, le long d’une route solitaire de campagne, alors que Jean-Bernard Brouchemou cherchait un raccourci que jamais il ne trouva.
De retour de la cave coopérative au volant de son beau tracteur rouge, il était déjà bien fatigué (ouh la la oui). Il fallait reconnaître que la réunion au sujet de la prochaine fête du vin primeur avait un peu traîné en longueur.
Bon, en vrai, ce n’était pas tant la discussion qui avait épuisé Jean-Bernard Brouchemou… Si vous voulez bien, nous l’appellerons juste JB pour simplifier les choses (merci). Où en étais-je ? Je disais donc que ce n’était pas tant la discussion qui avait épuisé JB, surtout qu’il n’était pas tellement du genre bavard, mais bien les six bouteilles d’AOP rouge écoulées pendant les débats. En effet, très attaché à la sagesse populaire, et à l’adage selon lequel, le vin AOP, ce sont ceux qui parlent le moins qui en boivent le plus, JB avait développé de très sérieuses qualités d’écoute. En fin de réunion, il réussit tout de même à glisser une ou deux blagues de “Monsieur et Madame” qui firent bien marrer tout le monde (vous connaissez celle de M. et Mme Lepinarofrais ?).
Bref, la nuit était bien installée lorsqu’il raccrocha sa remorque vide à son tracteur (qui était beau et rouge, mais je l’ai déjà dit plus haut, je ne vais pas tout répéter à chaque fois, vous n’avez qu’à suivre). JB s’élança casquette au vent dans la brise du soir, bercé par “La Complainte du Laboureur” 1 via ses oreillettes connectées à un smartphone tout neuf.
Nonobstant l’effet apaisant de la musique, JB s’inquiétait de l’avoinée que Roberte Brouchemou, son épouse fière et légitime, allait lui passer pour cause d’arrivée tardive… notons bien qu’il n’avait pas d’épouse illégitime, mais il se plaisait à laisser planer le doute lorsqu’il picolait avec les copains. Son épouse légitime donc, allait lui passer une sacrée avoinée du fait de son arrivée tardive (bis, mais j’aime bien), sans compter tous les autres griefs qu’elle avait pu accumuler dans la journée, par exemple parce que non content de ne pas avoir sorti la poubelle, il avait oublié ses chaussettes sales dans la salle de bains. Et cela lui causait un tourment certain.
Alors du coup, JB avait drôlement le blues en conduisant son tracteur à travers la nuit étoilée tandis que les petites bestioles pénibles du soir venaient stupidement mourir sur ses lunettes en tirant la langue sur le côté, voilà comme ça (mais la langue des bestioles on ne la voit jamais, elle est trop rikiki)2. En conséquence, il fut contraint de s’arrêter pour les nettoyer (ses lunettes, pas les bestioles) et il en profita pour soulager sa vessie sur le pied du radar tourelle du kilomètre 12.
L’idée lui vint à ce moment-là. La fulgurance de la révélation balaya sans égard toutes les convictions durement acquises au cours de sa vie antérieure d’homme droit et honnête. Que n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il lui suffisait de sortir son téléphone et d’utiliser la fameuse application “Vase” (ou un nom dans ce genre, il ne pouvait pas non plus se souvenir de tout, hein). Et hop, le bigophone lui indiquerait aussitôt le raccourci le plus apte à limiter l’ampleur du retard, et donc de l’avoinée redoutée. JB pensa que finalement, la technologie, ben c’est drôlement bien.
Sur ces entrefaites, JB bifurqua sur les lacets de l’étroite route forestière qui serpentait à travers la montagne. Sous l’éclairage vacillant des projecteurs du tracteur viticole, la proximité des ravins comme la rudesse des épingles auraient effrayé tout pilote moins chevronné. Mais que nenni de cela avec notre JB. Il monta, joyeux3, le volume de ses écouteurs pour mieux s’imprégner des subtilités de la chanson “Couroucoucou Roploplo” 4.
Comme un ennui ne vient jamais seul, c’est là qu’un cahot fit tomber le téléphone dans la noirceur du fossé, voire plus bas dans les broussailles. Bref, la cata, je ne vous le fais pas dire, surtout qu’il y avait juste après un croisement avec un choix à faire, je ne sais pas si vous saisissez l’ampleur du drame (faites un effort svp).
JB se gratta la tête en espérant qu’il ne ressemblait pas trop à Stanley dans Laurel et Hardy, mais après tout il s’en fichait vu que personne ne traînait dans le coin pour voir ça. Il décida de prendre par la droite, et c’est là que tout partit en cacahuète. Oui parce qu’en fait, on peut considérer que jusque-là tout allait bien, vous allez voir. Si, si.
Quelques centaines de mètres plus loin, alors que le chemin devenait de moins en moins carrossable, une masse sombre se dessina dans le pâle faisceau de ses phares moribonds. Un couple était en train de s’engueuler copieusement juste devant, en faisant de grands gestes.
Comme JB avait toujours été un peu curieux, il avait envie d’entendre ce qu’ils se disaient, ne serait-ce que pour savoir s’il pouvait exister dame plus véhémente que sa fière et légitime Roberte. À cette fin, il arrêta le moteur du tracteur et retira ses écouteurs, qui ne lui servaient de toute façon plus à rien puisqu’il avait perdu son smartphone comme expliqué plus haut. Attendu qu’il ne décryptait pas pour autant le moindre mot, il sauta à bas de son terrible engin et s’approcha du couple.
Il ne l’avait pas remarqué au départ, mais il leur trouva la peau vaguement verte et les oreilles un peu pointues. Cela n’était peut-être qu’un effet du manque d’éclairage et de la lune qui filtrait à travers les banchages. JB constata à cette occasion que la masse sombre en travers du chemin était celle d’un étrange véhicule circulaire avec des hublots tout autour, et dont deux des quatre roues pendaient dans le vide, comme après une sortie de route. Il revint toutefois assez vite sur cette idée, s’avisant que l’engin paraissait beaucoup trop large pour ce chemin, ce qui ne faisait qu’amplifier le mystère, car convenons-en : tout cela est bien mystérieux, même avec six litres de vin AOP dans le nez.
Résultat des courses, le passage était barré et il aurait été suicidaire de tenter un demi-tour en bordure de ravin avec le tracteur et la remorque (je vous avais bien dit que ça allait dégénérer, mais attendez, ce n’est pas fini). Pour couronner le tout, JB ne comprenait toujours rien au charabia des deux olibrius qui, comme évoqué précédemment, s’engueulaient copieusement sans lui prêter la moindre attention.
Il se décida à tapoter du doigt sur l’épaule du plus poilu des deux, a priori le mâle.
— Excusez-moi, mais sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, y aurait-il moyen de dégager le chemin ?
La dispute cessa d’un coup, si bien que JB eut la sensation d’avoir dérangé, peut-être brisé un instant d’intimité, voire tué dans l’œuf une idylle naissante5. Parce que JB le savait bien : dans tous les films que regardait Roberte sur Nexflic, les histoires d’amour commençaient par une bonne engueulade.
Après ce court instant de flottement, celle qui devait être la femme daigna enfin lui adresser un regard interloqué. Elle fouilla dans ses poches et en sortit deux minuscules écouteurs qu’elle lui tendit. Il se demanda bien pourquoi ces deux-là voulaient lui faire écouter de la musique, d’autant que ça ne serait sûrement pas du Elmer Food Beat.
JB sentit qu’il commençait à s’agacer et faillit envoyer valdinguer les deux oreillettes dans un geste de colère. Sauf que le regard courroucé de la dame lui rappela tellement Roberte qu’il préféra s’exécuter sans faire le malin. Il s’enfonça donc prestement les écouteurs dans le conduit auditif.
Il réalisa que ces petits trucs étaient en fait des traducteurs universels capables de convertir n’importe quel dialecte de la galaxie en un bavardage compréhensible par tout chauffeur viticole, pochetronné ou pas, et vice versa. Et du coup, on peut passer à la suite de l’histoire sans se laisser embêter par cette stupide barrière du langage.
À partir de là, on peut dire que les relations devinrent carrément cordiales. Une certaine forme de solidarité masculine se tissa entre JB et Bop… Oui, car aussi farfelu que cela paraisse, le monsieur se prénommait Bop, c’est comme ça, que voulez-vous, on ne choisit pas son prénom. JB avait vite compris que Bip… car la dame répondait quant à elle au prénom de Bip, vu qu’elle non plus n’avait pas choisi son prénom6… JB donc, avait vite compris que Bip menait la vie dure à Bop d’une façon qui ne pouvait que lui rappeler sa fière et légitime Roberte, et donc titiller sa compassion.
Pour faire court, la soucoupe volante de Bip et Bop s’était écrasée pile sur la route ou JB arrivait parce que Bop avait voulu faire un bisou dans le cou à Bip alors qu’elle effectuait une manœuvre délicate, nécessaire au survol de la région à basse altitude. Bop argumenta que Bip pilotait tellement mal que, de toute façon, toutes les manœuvres étaient délicates pour elle. Ce à quoi, Bip répliqua que oui, mais tout de même, il y a un temps pour tout, non mais des fois, et voilà le résultat.
La soucoupe se retrouvait avec le train d’atterrissage à moitié dans le vide et comme la turbine d’élévation frottait le sol, la terre l’avait obstruée au point de la rendre inopérante.
Soucieux de prévenir une nouvelle engueulade, JB proposa à ses verts amis de diluer leurs émotions dans un peu du vin AOP dont il avait ramené un carton sous le siège de son tracteur, car il ne voyageait jamais à vide. Il avait même des verres, ce qui tombait bien, comme quoi le hasard fait parfois bien les choses. JB jubilait à l’idée de profiter de l’occasion pour placer quelques blagues de Monsieur et Madame (et si je vous dis : M. et Mme “A” ont deux filles ? Vous l’avez ? 7), quoiqu’il se demandât si les extra-terrestres goûtaient ce genre d’humour glacé et sophistiqué.
L’avantage de la situation résidait en ce que l’on s’éloignait à chaque gorgée un peu plus d’un risque de confrontation militaire entre la terre et les autres puissances galactiques. L’inconvénient pour JB se manifestait par l’angoisse grandissante de sa Roberte qui l’attendait de pied ferme : ça allait barder pour son matricule. Il fallait donc, sans trop tarder, trouver une solution pour dégager la voie.
— Et si j’essayais de tirer votre soucoupe sur le chemin avec mon tracteur ? Il ne vous resterait plus qu’à décoller tranquillou. Non ?
Sitôt dit sitôt fait, ils détachèrent la remorque et l’éloignèrent à la main — car ils étaient quand même un peu costauds — pour éviter qu’elle ne gênât la manœuvre, voire qu’elle n’entraînât tout l’attelage dans le ravin sur un malentendu. Quelques chauves-souris passèrent à basse altitude, curieuses de cette activité nocturne inhabituelle.
Tout en essuyant la sueur sur son front, et en leur reversant à tous les trois une petite ration d’AOP, JB laissa fuser l’interrogation qui traversa soudain son esprit
— Et sinon, qu’est-ce qui vous amène par chez nous ? Vous faites du tourisme ?
Bop concéda un soupir alangui à sa fière et tendre avant de répondre.
— Diable non, mon ami ! Mais je ne peux rien refuser à Madame Bip ici présente ! Allez, tiens, remets-nous donc encore une tournée de cette délicieuse boisson.
Bip caressa la main de Bop en affichant un mignon sourire satisfait, limite victorieux.
En vrai, JB n’avait pas compris la réponse, mais il fit comme si, considérant qu’il convenait en priorité d’entretenir la convivialité et de surseoir aux baisses de niveau dans les verres.
Le soleil dardait ses premiers rayons par-dessus les sommets à l’est lorsque, contre toute probabilité au vu des bouteilles vides alignées sur le bas-côté, la soucoupe volante se retrouva enfin posée sur son train d’atterrissage parfaitement stabilisé. Certes, elle barrait toujours le chemin dans sa largeur, et JB avait déjà rongé tous ses ongles en prévision du face-à-face avec Roberte, mais la turbine d’élévation était nettoyée et ses amis extra-terrestres allaient bientôt pouvoir repartir.
JB savait bien que personne ne le croirait lorsqu’il voudrait raconter son aventure. Il envisageait même de garder un silence prudent pour éviter les railleries, surtout celles de Roberte qui de toute façon ne le croyait jamais, alors ça n’allait pas commencer aujourd’hui. Mais, au fond de lui, il était fier. Fier d’être le premier humain à s’être pochetronné avec des extra-terrestres, fier d’avoir deux amis là-haut dans les étoiles à qui il avait fait déguster son AOP, fier de les avoir initiés aux devinettes de Monsieur et Madame. Bref, on avait du mal à se rendre compte à quel point il l’était, mais il était fier. Oh que oui !
Bip et Bop étaient en train de s’embrasser, leur libido boostée par la joie de savoir qu’ils allaient bientôt quitter le piège de ce chemin forestier, de ce raccourci qui ne menait nulle part, tout ça quand même grâce au tracteur de JB, ne l’oublions pas. Le baiser exprimait une telle fougue que JB se demanda si cela n’allait pas dégénérer dans les sous-bois, et franchement lui il n’avait pas que cela à faire que d’attendre qu’ils aient fini hein. Du coup, il s’approcha timidement et tapota sur l’épaule de Bop.
— Heu, et sinon alors ? Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi vous étiez ici, et surtout pourquoi vous voliez à si basse altitude.
Les joues verdâtres de Bip s’étaient teintées de rouge sous l’effet de la volupté. Elle asséna un regard agacé à JB qui, j’aime autant vous le dire, s’en fichait complètement parce qu’amis ou pas amis, il avait assez perdu de temps comme ça. Dans un soupir contrarié, Bip se décida à lui donner un début d’explication.
— Nous cherchons un concessionnaire. C’est pour cela que nous volions à basse altitude. Le véhicule avec lequel je vais faire mes courses au supermarché sur ZOXKY263 est en panne, et il n’y a qu’ici que nous pourrons obtenir l’application de la garantie légale.
JB marqua un silence. Évidemment il ne comprenait pas trop, mais il trouvait que ses amis n’étaient pas bien dégourdis.
— Vous n’utilisez pas Vase ? (il prononçait à sa façon, d’une part à cause des relents d’AOP, d’autre part parce qu’en cette période de désertification médicale, il n’avait pas encore réussi à bénéficier d’un appareil dentaire adapté.)
Bop s’essuya la bouche discrètement parce que la bave du baiser avait quand même coulé un peu partout, et se montra à son tour curieux.
— C’est quoi, Vase ?
JB se rendait bien compte qu’il y avait entre eux un monde d’incompréhension. Que dis-je, plusieurs mondes, voire des galaxies. En homme sensé, il opta pour la pédagogie.
— Bon, dites-moi ce que vous cherchez et je pourrai peut-être vous montrer comment vous en sortir avec Vase. En tous cas, je ferai mon maximum, c’est promis.
Alors, Bip et Bop, eux même issus de la chair de Barp et Burp, enfants de Bladi et Blada, petits enfants de Poop et Poopette, eux-mêmes descendants de Matusabop et Matusabip, mais je ne vais pas vous faire toute la généalogie non plus, le regardèrent et ils lui sourirent, car cela était bon. Ils comprirent qu’ils pouvaient lui accorder leur confiance et décidèrent de l’introduire en tout bien tout honneur à bord de leur vaisseau spatial.
— Viens, lui dirent-ils à l’unisson, nous allons te montrer.
Ils le laissèrent passer devant eux et le conduisirent jusque dans la soute de leur soucoupe qui paraissait étonnamment plus grande quand on était dedans que quand on la regardait de dehors. Bop fit glisser la porte coulissante et dévoila la réponse à toutes les questions que JB se posait depuis toujours… ou tout au moins depuis le début de la soirée.
— Bip aime bien se taper la frime avec quand nous allons faire les courses. Mais là, elle est en panne et il nous faut trouver un concessionnaire.
Une superbe Testla Roadster modèle 2018 toute propre reluisait dans la soute.
Fin
Épilogue :
Elon Musk fut tout content d’avoir des nouvelles de la belle auto qu’il avait envoyée dans l’espace en 20188. Pour marquer sa reconnaissance, il organisa une grande réception en l’honneur de JB et ses amis, qui vinrent à bord de la soucoupe grâce à Vase. Malgré le regard sévère et réprobateur de sa fière et tendre, JB réussit à caser quelques blagues de Monsieur et Madame qui firent bien rire le président des États-Unis.
Épilogue 2 :
Ah, et puis aussi : Bop fit promettre à Elon que la prochaine fois qu’il enverrait un truc dans l’espace, ce serait une grande citerne de vin AOP.
***
Remerciement : Je tiens à remercier tous les auteurs, dessinateurs et scénaristes qui ont bercé ma tendre jeunesse à commencer par Messieurs Gotlib et Goscinny, mais également Monsieur Cavanna et ses écritures, le professeur Choron et tous ses complices. C’est un peu grâce à eux que, sans prétendre les égaler, je suis devenu un auteur heureux, mais jamais publié non plus, vu que je ne les ai pas égalés. Mais bon, en vrai je m’en tamponne le coquillard, car le pur plaisir d’écrire ne souffre aucune concession, sauf évidemment si on me proposait beaucoup de pognon pour ça, vu que je me sens tout à fait capable de succomber à la vénalité, mais ça m’étonnerait, et ok, la phrase est un peu longue.
Remerciements également à ma famille, mes amis et bêtalecteurs préférés qui supportent sans sourciller — ou alors juste un peu — mes errances plus ou moins littéraires.
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1© Elmer Food Beat : https://www.youtube.com/watch?v=lTfWdd-FtTc
2NDLA : Merci à mes gentil(le)s bêtalecteurs d’éviter de me signaler que cette phrase est alambiquée. L’alambic est un outil respectable.
3Que ce soit clair : on ne parle pas ici du nain de blanche neige (j’ai mis des virgules)
4© Elmer Food Beat toujours (il aime bien, désolé) : https://www.youtube.com/watch?v=ba0MF1uptYU
5Ndla : oui, je sais. Les idylles ne sont pas ovipares. Enfin je crois, parce qu’aujourd’hui on est plus sûr de rien. Mais bref, si vous vouliez bien arrêter de mettre en doute tout ce que je dis, ce serait sympa.
6Ndla : On m’a demandé d’être cohérent dans la construction de mes histoires. Fallait pas me chercher.
7Je vous le donne par pure bonté : Emma, Karen.
8C’est tout à fait véridique, je ne dis pas que des bêtises.