Les Sirènes du Désert

Première publication en 2017 dans le nr 49 de la version électronique de la revue Galaxies SF.

Chroniques Impromptues
10 min ⋅ 29/08/2024

Les Sirènes du Désert

Le soleil s’en donne à cœur joie. Un tourbillon de poussière traverse le paysage devant les grandes falaises qui barrent mon horizon. Un scorpion est venu se planter sur le rebord de mon établi. Je le fais dégager en le poussant du bout de ma clé à molette. Il s’enfuit de l’appentis vers la caillasse surchauffée, cavalant à la rencontre des crotales.

Un mobile home au fond du désert de Mojave. Mon Fat Bob garé devant à l’ombre du réservoir d’eau. Une bonne réserve de BudWeiser dans le frigo et Jenny qui passe son temps à regarder des séries pourries à la télé tout en pestant contre le bruit du groupe électrogène. Bienvenue dans mon univers.

Jenny, elle râle tout le temps, surtout lorsque je fais ronfler mes “Big Twins” pour les régler. Elle dit que je ne suis bon qu’à me tartiner de cambouis et à faire fuir les géocoucous avec mon raffut. En fait, Jenny, quand elle ne fait pas la tronche c’est qu’elle dort, ou bien qu’elle est bourrée. Ou alors les deux.

De temps en temps, un "Mother Road Runner" passe me voir. Ce sont à peu près les seuls motards à des dizaines de miles à la ronde. Par ici on les appelle simplement les “Runners”. Parfois, ils s’arrêtent juste pour boire un coup et discuter. Parfois, ils me donnent leur bécane à entretenir. Ils disent que je suis un peu l’homme medecine de leurs montures et, de ce fait, ils me considèrent comme l’un des leurs. Les Runners disposent de leurs propres codes, de leur propre hiérarchie sociale, et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne s’encombrent pas plus que nécessaire du respect de lois qu’ils n’ont pas choisies. Entre eux ils s’appellent tous “brother”, y compris lorsqu’ils s’adressent à Josh, leur président. C’est lui qui m’a officiellement offert la plume d’aigle que je porte accrochée à mon bandana dès que j’enfourche une pétoire. Elle signifie au monde entier qu’ils m’appellent aussi “frère”.

Lorsque je ne me contente pas de les entretenir ou de les réparer, il m’arrive de customiser les motos, voire de construire des cadres en partant de zéro. C’est une forme d’art à laquelle je préfère m’attacher la nuit lorsqu’il fait moins chaud, ceci à cause du poste de soudure et aussi parce que la Bud a meilleur goût sous les étoiles. Tout cela me suffit pour récolter les quelques dollars nécessaires à maintenir un train de vie aussi aride que le désert.

À plusieurs reprises, Josh m’a proposé d’intégrer le MC1. Il me promet une période de prospect raccourcie. Une pure formalité selon lui. Il dit que, s’il n’avait pas été tenu par les règles des fondateurs, il m’en aurait volontiers dispensé car il me connaît assez pour m’accorder sa confiance. Pour autant, et malgré la fierté que j’éprouverais à porter les couleurs des Runners, je n’ai jamais franchi le pas. J’aime trop mon indépendance et ma petite vie tranquille exempte de contraintes. À chaque fois que je le lui rappelle, Josh feint de s’offusquer et de se mettre en colère mais cela ne dure jamais plus que le temps nécessaire à partager une ou deux Bud et le sourire lui revient toujours lorsque je fais pétarader un moteur sous ses oreilles.

Ce matin, pendant que je peaufinais les réglages d’un Street Bob, Jenny est partie faire des emplettes à Kingman. Ça fait une trotte d’ici. Deux heures de route sous le cagnard à transpirer stoïquement en s’en remettant à la clémence de Tsohanoaï2 et en espérant que le vieux pick-up Chevy veuille bien faire encore une fois l’aller-retour. Mais elle dit qu’au moins là-bas, elle trouve tout ce qu’elle veut. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Elle y est allée deux fois cette semaine.

Elle a posé les courses sur la table et les buds en dernier. Elle m’a regardé d’un air dont je n’aurais su dire s’il s’agissait de colère ou de compassion. Malgré ses cinquante piges, elle a encore de l’allure Jenny à contre jour du soleil couchant, lorsqu’elle pose ses mains sur ses hanches. Trop d’allure sans doute, vu ce qu’elle a à me dire.

– C’est la dernière fois que je fais tes courses. Je me tire. J’ai rencontré un type au Denny's. Chez lui c’est eau et électricité à volonté. Le genre beau gosse qui ne se balade pas en permanence avec de la foutue de graisse de moteur sous les ongles.

Le silence. Juste sa respiration un peu accélérée. Elle n’a rien d’autre à dire. Et moi je n’ai rien à répondre. Rien en tous cas que je ne juge utile de prononcer. Avec la force de l’habitude, je n’ai rien vu venir. Je réalise que je m’en fiche complètement. Jenny et moi on était juste devenu des sortes de colocataires. On vivait à côté l’un de l’autre, on baisait de temps en temps et voilà tout. Son annonce ne m’ébranle même pas, comme si j’avais su inconsciemment que cela arriverait un jour ou l’autre.

Nous avons échangé quelques mots, sans nous regarder vraiment. Je ne sais plus exactement ce que nous avons dit. Elle me laisse le pick up. Elle préfère partir sur son Forty Eight. De toutes façons, le peu d’affaires qu’elle emporte tiendra dans sa sacoche en cuir. Son nouveau jules a de quoi lui racheter tout ce dont elle a besoin.

Lorsqu’elle part dans le chemin, son pneu arrière soulève un nuage de poussière. Le temps que tout ça retombe, je suis célibataire.

***

Il est bientôt midi au soleil. Je n’ai vu personne depuis deux jours. Une buse à queue rousse passe à basse altitude dans un souffle d’air chaud. Je prends conscience qu’elle revient tous les jours à peu près à la même heure. Je n’y avais jamais fait attention jusqu’à présent. Vu le nombre de serpents qu’il y a dans le coin, j’imagine que c’est l’heure idéale pour son repas.

J’essuie la sueur sur mon front du revers de la main, ou plutôt je l’étale en la mélangeant à la graisse. Je viens de terminer les réglages du chopper de Petit Bob. On peut parier qu’il ne tardera pas à se pointer à l’arrière du Road King de Josh. Il veut l’avoir pour aller chanter avec son groupe « LAMF » au concert privé organisé par le MC à Oatman. LAMF, ce sont des types du coin, des bikers évidemment. On les aime bien et c’est surtout un sacré putain de bon groupe de rock’n’roll. La voix éraillée de Petit Bob fait merveille quand il se plante à genoux devant son micro. Je ferai moi aussi le “run” jusqu’à Oatman et j’irai m’en jeter une en les écoutant. Enfin quand je dis “une”, je veux dire que je m’en jetterai une après l’autre. Et tant pis si Jenny n’est plus là pour m’engueuler.

Je n’ai plus rien à bricoler pour le moment. Autant me caler à l’ombre dans le mobile home avec une Bud bien fraîche et un reste de pizza froide. J’étale mes jambes sur la caisse qui me sert de table de salon et je plante ma clé usb sur le côté de la télé. Il y a les restes d’une mouche écrasée dans un coin de l’écran. Je nettoierai ça plus tard, peut-être. C’est vrai que le bruit du groupe électrogène fait un peu chier, mais rien qui ne m’empêchera de me délecter encore une fois de “From Dusk Till Dawn”. Impossible que je puisse me lasser de ce film. J’adore la scène où Salma Hayek danse sur les tables, juste avant de dévoiler le vrai visage de Satanico Pandemonium.

***

Je soulève une paupière. Je me suis endormi sur la fin du film. Le soleil descend déjà derrière les falaises. Même plus sommeil. Que vais-je faire de ma nuit ? J’ai bien envie d’aller faire défiler quelques miles de ligne droite sous mes pneus. J’enfile mon gilet et mon bandana et j’ajuste machinalement ma plume d’aigle. Le son de mon Big Twin, seul bruit humain à des lieues à la ronde, fait vibrer le désert. Un frisson de plaisir descend dans mon dos. Ma petite modif sur les pots Vance & Hines en a sublimé la sonorité.

– Quelle superbe musique ! 

Qui a parlé ? Drôle d’accent. Je ne connais pas cette voix. Je me retourne. Un silhouette dans l’ombre. Une femme, les mains sur les hanches. Jenny ? Ça ne peut pas être elle. Elle n’aurait pas qualifié le bruit de mon moteur de superbe musique. Et puis Jenny, elle ne peut pas faire une phrase sans y coller un ou deux putains de gros mots bien sentis. Je m’approche pour mieux voir ma visiteuse à la faveur de la lune. C’est pourtant bien elle. J’arrête mon moteur.

– Qu’est-ce que tu fais là ? Ton Don Juan t’a déjà foutue dehors ? . 

Elle ne répond pas. Je me demande comment elle a fait pour arriver ici sans que j’entende le moindre bruit de moteur. C’est pourtant évidemment moi qui ai pris soin de donner à son Forty Eight une sonorité aussi tonitruante qu’unique. D’ailleurs je ne vois pas sa bécane. Elle a du la garer hors de ma vue. Jenny regarde tout autour d’elle. On dirait qu’elle ne comprend pas bien. Elle semble hésiter. Enfin elle se décide à parler, toujours avec son drôle d’accent.

– Je ne connais pas de Monsieur Don Juan. J’en suis désolée. Je suis juste venue pour parler de musique. 

Ce ne sont ni la voix ni la façon de parler de Jenny. Beaucoup trop de classe. Soit je suis en train de tourner maboul, soit la Budweiser de cet après midi était frelatée. Je ne sais pas quoi, mais il y a un truc qui cloche. On dirait qu’elle a compris.

– Je ne voulais pas vous effrayer. C’est pour cela que j’ai pris l’apparence de Jenny. 

Allons bon. Me faire peur ? Qu’est-ce que c’est que cette fichue histoire ? Je suis encore tombé sur une dingo qui se maquille mieux qu’une bécane volée juste pour se faire passer pour une autre. Elle n’a pourtant pas l’air si moche que ça. Je me retourne pour fouiller dans la sacoche de ma bécane. Je venais d’y mettre un Bud en prévision d’une dégustation en solitaire, en écoutant les coyotes. Finalement j’aime autant me la siffler maintenant.

– Jenny n’est pas celle qui me met de meilleure humeur en ce moment. Tu aurais mieux fait de te déguiser en quelqu’un d’autre ! 

– Je vous plais mieux comme ça ?

Lorsque je me retourne, mon cœur manque un battement. Pour un peu, ma main aurait laissé tomber la Bud que je viens juste de décapsuler. Qu’est-ce qui m’arrive ? Ce coup-ci c’est sur : je suis en train de devenir fou. La chaleur du désert sans doute. Jenny n’est plus là. Disparue Jenny. Mes yeux ont du mal à croire ce que je vois. À sa place se trouve maintenant Salma Hayek, la même que celle qui s’apprêtait à danser au Titty Twister, dans la même tenue, avec son ahurissante couronne de plumes. Il ne lui manque que le grand serpent jaune autour du cou.

Elle a vu mon regard hébété. On dirait qu’elle n’est pas sûre de piger le syndrome du loup de Tex Avery dont je suis frappé, mais elle décide de s’enrouler dans sa cape avec un sourire gêné. Une part de moi lui en est reconnaissante tandis que l’autre nourrit de profonds regrets. Je prends une inspiration.

– Mouais. Si tu ne te transformes pas en vampire comme dans le film ça me plaira encore mieux.

– Si cela ne vous plaît pas je ne le ferai pas.

Évidemment. Si je ne savais pas que c’est impossible, je me dirais que j’ai en face de moi une espèce d’être qui peut se métamorphoser en n’importe qui, voire en n’importe quoi. Ses yeux sont plantés en moi. Je la sens qui s’immisce. Pour autant je ne me sens pas en danger. Elle veut juste comprendre, lire ce que je pense à cet instant. Malgré l’obscurité, je devine qu’elle me sourit.

– Je peux me transformer en n’importe qui. Ceux de mon monde ont appris depuis longtemps à s’adapter aux planètes que nous visitons. Nous savons passer inaperçus.

Malgré ma stupeur, je ne peux m’empêcher de sourire.

– Dans cette tenue, je peux te garantir que tu ne passeras pas longtemps inaperçue en dehors du carnaval de Mexico. Tu peux garder ce personnage, mais je te conseille d’enfiler quelque chose de plus adapté au contexte.

Tout en disant cela j’ai imaginé Salma en tenue de “bikeuse”. Salma est le seul nom que je puisse lui donner pour l’instant. Je n’ai pas fini ma phrase que je la retrouve en face de moi telle que dans mes pensées. Elle s’inspecte elle-même en baissant les yeux, comme pour s’assurer qu’aucune touche n’est oubliée. C’est parfait, que dis-je, c’est extra. Ses cheveux noirs tombent comme la nuit vers le bas de ses reins. Son gilet de cuir s’ouvre sur un débardeur minimal. Son jean élimé, déchiré par endroits, moule juste comme il faut ses jambes et ses hanches. Il y a même une rose noire tatouée sur son avant-bras. Elle se demande si elle me plaît. Elle a du chien sans faire exprès3.

Je ne sais pas trop comment m’y prendre. Je sais bien que cet être-là n’est pas obligatoirement une faible femme, mais je me sens tenu à un minimum de galanterie, si tant est que l’on puisse être galant en pleine nuit au fond du désert.

– Tu veux t’asseoir. Je t’offre un truc à boire ? En vrai je n’ai que de la Bud. Tu aimes la Bud ? Tu en as déjà bu ?

– Une Bud, cela ira très bien. Asseyons-nous devant ta résidence.

C’est bien de mon mobile home dont elle parle. Elle s’assoit sur le premier rocher qu’elle trouve. Je lui apporte une Bud et je m’installe en face d’elle. Elle déguste une première gorgée et me sourit. Elle a l’air d’aimer ça. Je me demande encore si tout cela est vrai, comment elle a fait pour arriver ici. J’attends qu’elle veuille bien se mettre à parler. Évidemment elle lit tout ça en moi. Elle parle.

– Je viens d’une planète située dans l’orbite de l’étoile que vous nommez Alpha du Centaure. J’ai traversé un peu plus de quatre années lumières pour arriver ici. J’ai une requête à te présenter.

Rien que ça. Cet enfoiré de blanc-bec de Kingman a seulement réussi à faire faire 80 miles à Jenny et Salma vient de se taper 4 années lumières rien que pour moi. Comme on dit : il n’y a pas photo. Je me sens d’un coup devenir quelqu’un de drôlement important. Salma s’est avancée un peu et a pris mes mains dans les siennes. Le sang me monte à la tête.

– Veux tu venir avec moi, sur ma planète avec tes machines à musique ?

Mes machines à musique ? Elle ne peut parler que de mes bécanes. Je la sens qui lit mes pensées pendant que j’essaye de réfléchir. Elle est inquiète. Elle a peur que je refuse. j’ai l’impression de deviner à mon tour ses pensées. Elle s’ouvre à moi.

– Tu es le seul humain à savoir jouer aussi bien de ces instruments. Lorsque tu accordes tes machines et qu’ensuite tu les fais chanter, le son qui s’en échappe est si envoûtant qu’il a captivé mon âme et celle de ceux qui m’ont envoyée. Si tu viens avec moi, je ferai en sorte de te construire un grand opéra. Nous te fournirons tout ce dont tu as besoin pour vivre et tu pourras faire jouer tes machines devant des milliers de mes semblables.

Ses yeux reluisent d’enthousiasme. Je ne sais plus si elle parle ou si je lis simplement ses pensées. Peu importe. Elle continue.

– Il y a dans vos légendes un homme qui s’appelait Ulysse. J’ai lu qu’il se laissa séduire par le chant des sirènes. Je suis devenue un peu comme lui en entendant ta musique. Peut-être comprendrais-tu mieux si je prenais son apparence pour t’expliquer ce que le son de tes machines provoque en moi quand tu en joues ?

Cette histoire est si saugrenue que je m’en trouve totalement détendu. Je lui souris à mon tour.

– Reste comme tu es. Je te préfère en Salma. Ulysse aurait trop de barbe pour moi. Dis-moi plutôt où est ta soucoupe volante. Je ne l’ai pas entendue arriver.

Elle pointe l’espace d’un doigt.

– Mon vaisseau est resté là-haut, en orbite. Je me suis téléportée. Ça ne fait pas de bruit.

Juste la brise qui caresse le sable et les rochers. Une chouette hulule. Salma ne dit plus rien. La lune fait briller le rouge sur ses lèvres charnues. L’idée d’y poser les miennes me traverse l’esprit. Je me reprends aussitôt, car je sais qu’elle lit en moi. Elle paraît ne pas avoir « entendu ». Par contre elle pense que le désert est beau. Elle se sent bien.

L’idée de quitter ce monde que j’aime tant m’effraie, même pour en découvrir un autre avec une aussi sublime créature. Me laissera-t-elle le choix ? Je n’ose plus penser de peur qu’elle ne m’entende. Je me souviens que j’étais sorti avec l’idée d’aller faire un tour de bécane, de laisser défiler les miles sous ma “ride bell”, juste pour le plaisir de rouler au hasard.

– J’ai une proposition à te faire. As-tu envie de chevaucher ma machine à musique ?

Elle me regarde, surprise.

– Je ne sais pas en jouer. Je risquerais de la détériorer.

– Alors monte derrière moi. J’en jouerai pour toi.

Elle a compris. Quelques mots n’auraient pas été suffisants pour tout lui expliquer, mais elle a puisé en moi ce qu’elle doit savoir pour s’installer à l’arrière de mon Fat Bob, sur le tout petit bout de selle restant. Elle tressaille lorsque je démarre le moteur. Elle se serre instantanément contre moi, ne cherche même pas à me dissimuler ses ressentis. Je sais que le bruit du moteur l’envoûte. Je sais qu’elle analyse cette nouvelle sensation que lui procure le contact de mon dos. J’enclenche la première et nous partons dans le désert en direction de nulle part.

La route défile en dessous de nous. J’ai calé le moteur sur le régime où il délivre la plus rauque de ses sonorités. Je ralentis à peine lorsque quatre yeux brillants trahissent un couple de coyotes en train de nous observer sur le bas coté. L’air tiède de Mojave nous caresse le visage.

– C’est fantastique. Vous chevauchez vos machines à musique. Ce monde est merveilleux.

Son cri de joie transperce l’immensité jusqu’en direction des étoiles. A-t-elle d’ailleurs crié ou simplement pensé si fort que je l’ai perçu ainsi. Peu importe. Elle se serre encore plus à moi et pose sa tête dans mon cou. Elle découvre l’humanité. Elle se découvre mélomane. La symphonie mécanique que je lui offre lui arrache une larme de bonheur.

Je ne partirai pas sur sa planète. Je viens de lire en elle qu’elle veut rester ici avec moi, chevaucher mes motos et me suivre, collée à mon dos partout où je voudrai l’emmener au son du « Big Twin ».

Ulysse, lui, avait pris soin de s’attacher à son mat. Salma a négligé ce détail. Cela fait de moi l’homme le plus heureux du désert.

***

Épilogue 1 : Parmi les milliers de satellites d’origine humaine en orbite, les télescopes auraient repéré un petit vaisseau spatial jusque-là passé inaperçu. Il pourrait être d’origine extra-terrestre et serait toute évidence abandonné, mais tous les efforts déployés pour s’en approcher et monter à bord sont restés vains.

***

Épilogue 2 : Lorsque d’un concert du groupe “LAMF” près de Oatman en Arizona, les participants ont eu la stupeur de voir apparaître Lemmy Kilmister, le chanteur-bassiste de Motorhead, que l’on croyait décédé en 2015. Il serait monté à l'improviste sur scène et aurait interprété avec le groupe une superbe version de "One More Fucking Time" avant de disparaître dans les loges. Après qu’on l’eut perdu de vue, on aurait également aperçu Salma Hayeck partant à l’arrière de la moto d’un biker.

1MC= abréviation entrée dans le langage courant des bikers pour désigner un Moto Club

2Esprit du soleil chez les navajos

3Merci à Léo Ferré.

Tous droits réservé par l’auteur

Chroniques Impromptues

Par René HERMITE

Comme de nombreux auteurs, René HERMITE a commencé à écrire avant de savoir lire. Cela lui valut, à l’âge de trois ans, une bonne réprimande, car la tapisserie de la chambre venait juste d’être refaite.

Plus tard, alors qu’il était pardonné et qu’il terminait brillamment son CE1, son papa lui offrit un tout petit livre de science-fiction intitulé Prisonniers du soleil. Ajoutons là-dessus la lecture du Petit Prince, et ce fut la révélation : il serait écrivain ! Saint Exupéry ou rien !

Bon, ça, c’était au début. Ensuite, il se mit à lire des trucs genre Hara-Kiri, Fluide Glacial et Métal Hurlant (râââ ce film…), puis Pierre Desproges, qui le conduisirent à un certain éclectisme. Il considère Les Écritures de Cavanna comme une œuvre ésotérique majeure et Les Rois Maudits reste son roman historique préféré. La nuit des temps, puis le film Bienvenue à Gattaca laissèrent de sérieuses empreintes, et lorsqu’il tomba sur Dune, il le relut trois fois avant de s’arrêter.

Il se dit dans les milieux autorisés que la musique rock et les balades à moto l’ont aussi influencé. Ce qui est sûr, c’est que l’on retrouve dans ses écrits et, dernièrement, dans son roman Améon, toute la poésie, l’humanité, mais aussi l’humour et le goût de du très très lointain que lui ont apporté toutes ces expériences.